Friday, September 28, 2012

Soufi, mon amour - Résumé


Édition : 10-18, traduit de l’anglais au français par « Dominique Letellier ».

Version originale en langue turque: Aşk.

Auteur : Elif Shafak


Personnages principaux

Ella Rubinstein : Femme au foyer juive vivant à Northampton dans le Massachusetts.

A.Z.Zahara : Écrivain mystique qui habite à Amsterdam.

Rûmi : Djalāl ad-Dīn Muhammad Rūmī est un mystique musulman Perse qui a profondément influencé le soufisme. Il reçut très tôt le surnom de  Mawlānā qui signifie « notre maître ». Son nom est intimement lié à l'ordre des « derviches tourneurs » une des principales confréries soufies de l'islam qu'il fonda dans la ville de Konya en Turquie. La plupart de ses écrits lui ont été inspirés par son meilleur ami, Shams ed Dîn Tabrîzî. (Wikipédia)

Shams ed Dîn Tabrîzî : était un mystique soufi iranien né à Tabriz en Azerbaïdjan iranien et mort en 1248. Il est responsable de l'initiation de Jalâl ud Dîn Rûmî et a été immortalisé par le recueil de poèmes de Rûmi intitulé Diwan-e Shams-e Tabrîzî. Shams et Rûmi vivaient ensemble à Konya. Certains pensent qu'il serait mort assassiné par des disciples de Rûmi. (Wikipédia)


Personnages secondaires

La famille d’Ella

David : Mari d’Ella.
Jeannette : la fille d’Ella
Scott : fiancé de Jeannette
Deux gémeaux d’Ella : Avi et Orly
Esther : la tante d’Ella
Michelle : assistante à l’agence littéraire pour laquelle travaille Ella.

Les personnages de « Doux Blasphèmes » 

Le Tueur, le novice, le maître à Baghdad, le mendiant, Rose de désert, l’ivrogne, le maître à Konya, Aladin, Sultan Walad, Bybars, Hussam, Kerra, Kimia, …


Résumé

Ella Rubinstein est une femme au foyer juive et peu croyante. Elle mène une vie paisible et confortable à Northampton dans le Massachusetts. Elle semble avoir tout pour être heureuse : une belle maison, un mari quoique infidèle remplit son rôle de chef de famille correctement, trois beaux enfants et un chien fidèle. Mais à l’aube de ses quarante ans, et après vingt ans de mariage, elle se sent malheureuse. Elle se rend compte que sa relation avec son mari manque de chaleur et de profondeur. Sa vie quotidienne de femme au foyer est une succession de tâches simples, toujours  planifiées à l’avance, maîtrisables cependant superficielles.

Pour faire face à la monotonie de sa vie qui commence à peser sur son esprit et combattre sa gêne émotionnelle, elle s’engage en 2008 en tant que lectrice pour une agence littéraire. Sa première tâche est rédiger une note sur un manuscrit signé par Aziz Z. Zahara, un écrivain mystique vivant à Amsterdam. Ce roman intitulé « Doux blasphèmes » retrace la rencontre entre le poète « Rûmi» et un célèbre derviche « Shams de Tabriz ».

Rûmi est un érudit musulman célèbre vivant à Konya durant le 13ème siècle. Il a tout pour être heureux : riche, célèbre, respecté par son entourage, issue d’une famille bien réputée, marié et père de famille. Cependant, il ressent toujours un manque qu’il n’arrive pourtant pas à définir : « Peu importe qui nous sommes et où nous vivons, tout au fond, nous nous sentons tous incomplets ». Un jour, un derviche errant qui s’appelle « Shams de Tabriz » arrive à Konya et cherche Rûmi afin de lui transmettre sa connaissance à travers ce qu’il appelle les quarante règles de la religion de l’Amour. A travers ces règles et ses longues discussions avec Shams, Rûmi affirme avoir trouvé son accomplissement spirituel et sa paix intérieure. Jour après jour, il devient si attaché à Shams à tel point que sa famille et ses amateurs deviennent jaloux et pleins de rancune. Depuis son arrivée, Shams entre en contact avec l’environnement qui entoure son ami Rûmi : les membres de sa famille, ses amateurs, la couche marginalisée de la ville, les autorités, les gens de religions…

Sa relation avec Rûmi ainsi que sa franchise démesurée lui ont coûté la vie. Rûmi est profondément touché par l’assassinat de Shams. Inspiré de ses longues discussions avec lui, il écrit un recueil de poèmes intitulé « les travaux de  Shams de  Tabrîz ». Ainsi, Rûmi devient l’un des plus célèbres poètes du monde soufi.

En lisant le manuscrit, Ella décide de contacter Aziz Z. Zahara par Internet. Ainsi, une relation affectueuse se développe entre elle et Aziz. Au fil de sa lecture, Ella se sent impressionnée voire émue par les principes du soufisme à travers les quarante règles dictées par Shams de Tabriz à son ami Rûmi. En parallèle, Ella entame des longues conversations avec Aziz qui devient le soleil qui éclaire son esprit obscur et réchauffe son cœur froid. Ils discutent de plusieurs sujets relatifs à la beauté intérieure, la paix et l’amour. Jour après jour ils se rapprochent de plus en plus l’un de l’autre. Finalement, Ella décide de demander divorce, ayant assez de l’infidélité de son mari, puis part avec Aziz Z. Zahara commençant ainsi une nouvelle étape de sa vie pleine d’amour, de paix et d’espoir.

Après quelques mois, Aziz est mort atteint du cancer, et Ella se trouve toute seule à Konya, le lieu où la rencontre de Shams et Rûmi a eu lieu. Elle est triste, sans travail et sans aucune vision de l’avenir. Pourtant et par l’influence de « Doux blasphèmes » et de sa relation avec Aziz, Ella décide de profiter de chaque instant de son existence le cœur plein d’espoir, de confiance et d’amour.


Quelques pensées

Pensée 1

Au fil des parties, le lecteur est amené à se déplacer entre deux histoires qui se passent durant deux périodes historiques éloignées avec deux styles d’écriture à mon avis différents. Lorsque l’auteur parle d’Ella et de sa vie, elle utilise « Elle », les idées sont directes, les relations entre les personnages sont simples, il n’y a pas lieu à des interprétations. Le lecteur est amené à vivre le quotidien avec Ella et son entourage, à découvrir ses sentiments, vivre son changement et accepter ses décisions.

Dans la deuxième histoire « Doux blasphèmes », il existe plusieurs croisements entre les personnages et plusieurs interprétations des événements et des attitudes sont possibles. Un seul événement est présenté plusieurs fois selon l’angle de vue de chaque personnage. L’auteur nous laisse le soin de faire connaissance de ses personnages à travers leurs propres mots et les mots de ceux qui les aiment et de ceux qui les méprisent. Qu’il soit un tueur, un ivrogne, une prostituée ou autre, elle dresse le profil d’un personnage donné sans jamais le juger.

Pensée 2

L’auteur a intitulé les différentes parties du roman comme suit:
  • Partie1 : « Terre: ce qui est solide, absorbé, immobile »
  • Partie2 : « Eau: ce qui est fluide, changeant et imprévisible »
  • Partie3 : « Vent: ce qui bouge, évolue et nous défie »
  • Partie4 : « Feu: ce qui, dévaste et détruit. »
  • Partie5 : « Vide: inexplicable et incontrôlable. »

En quelque sorte, la vie des personnages dans les deux histoires est primée par des événements qui prennent souvent l’une des formes des éléments cités ci-dessus. Par exemple, dans la première et la deuxième partie, les événements dans les deux histoires sont calmes et fluides quoiqu’ils changent rapidement contrairement à la troisième et la quatrième partie où un ensemble d’événements rapides et violents se succèdent pour arriver enfin à un vide causé par la mort des deux personnages principaux Shams et Aziz dans la dernière partie.

Pensée 3

En lisant les deux histoires du roman, on a l’impression que les deux temps sont parallèles ou plutôt le temps « n’est qu’une illusion ». La frontière entre le passé et le présent n’existe plus. Dans les deux mondes, les personnages principaux cherchent leur accomplissement spirituel et leur paix intérieure. D’une part, Ella et Rûmi cherchent à combler un manque qu’ils ressentent malgré le confort de leurs vies fondées plutôt sur la raison que la passion. D’autre part, Shams et Aziz ressentent le besoin de partager leurs connaissances et leurs expériences avec leurs semblables. Elif Shafak veut montrer ainsi que l’être humain reste le même dans tous les temps, qu’il soit musulman, juif ou autre, son âme reste un âme qui a besoin de paix, son cœur reste un cœur qui a besoin d’amour, et l’amour qui reste simplement l’amour « il est ce qu’il est, pur et simple ».



Rachida KHTIRA

Software engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.


Thursday, September 27, 2012

Soufi, mon amour - Extraits


Avant de passer au résumé du livre "Soufi, mon amour", je partage avec vous quelques passages du livre que j'ai bien aimés et que j'ai trouvés très profonds.


Sois une rivière
Si une pierre tombe dans une rivière, les flots la traiteront comme une commotion parmi d’autres dans un cours déjà tumultueux. Rien d’inhabituel. Rien que la rivière ne puisse maîtriser. Si une pierre tombe dans un lac, en revanche, ce lac ne sera plus jamais le même.

Comble le manque
Peu importe qui nous sommes et où nous vivons, tout au fond, nous nous sentons tous incomplets. C’est comme avoir perdu quelque chose et éprouver la nécessité de le retrouver. Quel est ce « quelque chose » ? la plupart d’entre nous ne le découvriront jamais. Et parmi ceux qui y parviennent, plus rares encore sont ceux qui partent à sa quête ».

Communique avec Amour
La plupart des problèmes du monde viennent d’erreurs linguistiques et de simples incompréhensions. Ne prenez jamais les mots dans leur sens premier. Quand vous entrez dans la zone de l’amour, le langage tel que nous le connaissons devient obsolète. Ce qui ne peut être dit avec des mots ne peut être compris qu’à travers le silence.

Change, la vie est changement
Ne tente pas de résister aux changements qui s’imposent à toi. Au contraire, laisse la vie continuer en toi. Et ne t’inquiète pas que ta vie soit sens dessus dessous. Comment sais–tu que le sens auquel tu es habitué est meilleur que celui à venir ?
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Il n’est jamais trop tard pour se demander : « Suis-je prêt à changer de vie ? Suis-je prêt à changer intérieurement ? » Si un jour de votre vie est le même que le jour précédent, c’est sûrement bien dommage. A chaque instant, à chaque nouvelle inspiration on devrait se renouveler, se renouveler encore. Il n’y a qu’un moyen de naître à une nouvelle vie : mourir avant la mort.

Aime toi d’abord
Si tu veux changer la manière dont les autres te traitent, tu dois d’abord changer la manière dont tu te traites, Tant que tu n’apprends pas à aimer, pleinement et sincèrement, tu ne pourras jamais être aimée. Quand tu arriveras à ce stade, sois pourtant reconnaissante de chaque épine que les autres pourront jeter sur toi. C’est le signe que, bientôt, tu recevras une pluie de roses.

Vis dans le présent
Le passé est une interprétation. L’avenir est une illusion. Le monde ne passe pas à travers le temps comme s’il était une ligne droite allant du passé à l’avenir. Non, le temps progresse à travers nous, en nous, en spirales sans fin. L’éternité ne signifie pas le temps infini mais simplement l’absence de temps.

Sois ton destin
Le destin ne signifie pas que ta vie a été strictement prédéterminée. En conséquence, tout laisser au sort et ne pas contribuer activement à la musique de l’univers est un signe de profonde ignorance. Il existe une harmonie parfaite entre notre volonté et l’Ordre de DIEU.

Tu veux renforcer ta foi ? Adouci ton cœur !
A cause d’une maladie, d’un accident, d’une perte ou d’une frayeur, d’une manière ou d’une autre, nous sommes tous confrontés à des incidents qui nous apprennent à devenir moins égoïstes, à moins juger les autres, à montrer plus de compassion et de générosité. Pourtant, certains apprennent la leçon et réussissent à être plus doux, alors que d’autres deviennent plus durs encore.

Ta foi te concerne, ne l’impose pas aux autres
Rien ne devrait se dresser entre toi et DIEU. Ni imam, ni prête, ni maître spirituel, pas même ta foi. Crois en tes valeurs et tes règles, mais ne les impose jamais à d’autres. Sois ferme dans ta foi, mais garde ton cœur aussi doux qu’une plume. « Apprends la Vérité, mon ami, mais ne transforme pas tes vérités en fétiches ».

Vis avec amour
Une vie sans amour ne compte pas. Ne vous demandez pas quel genre d’amour vous devriez rechercher, spirituel ou matériel, divin ou terrestre, oriental ou occidental… L’amour n’a pas d’étiquettes, pas de définitions. Il est ce qu’il est, pur et simple.


Rachida KHTIRA

Software engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.

(Photos credit : Ricochets Of A Stone On Water via FreeDigitalPhotos.net)

Soufi, mon amour - Auteur




Biographie

Elif Şafak, ou Elif Shafak, née le 25 octobre 1971 à Strasbourg de parents Turcs, est une écrivaine turque et best-seller en Turquie, Şafak écrit ses romans aussi bien en turc qu'en anglais. La critique note qu’elle mêle en permanence les traditions romanesques occidentale et orientale, donnant naissance à une œuvre à la fois « locale » et universelle.

Élevée par sa mère après le divorce de ses parents, Şafak a passé son adolescence à Madrid puis à Amman, en Jordanie, avant de retourner en Turquie.

Elle est mariée au journaliste turc Eyüp Can, rédacteur en chef du quotidien Referans. Ils ont deux enfants.


Etudes
  • Diplômée en relations internationales de la Middle East Technical University d'Ankara.
  • Titulaire d'un master en genre et études féminines dont le mémoire portait sur la circulaire Compréhension des derviches hétérodoxes de l'islam.
  • Elle a soutenu sa thèse en sciences politiques sur l'Analyse de la modernité turque à travers les discours des masculinités.

Carrière professionnelle
  • En 2002, Şafak est chargée de cours au Mount Holyoke College (dans le Massachusetts) auprès de la chaire de Women's Studies.
  • Elle enseigne ensuite à l'université du Michigan dans la discipline “Gender and Women's Studies”.
  • Elle est professeur à temps plein au département des Études du Proche-Orient à l'université d'Arizona.
  • Elif Şafak écrit aussi des articles pour des journaux et magazines en Europe et aux États-Unis, des scripts pour séries télévisées et des paroles de chansons pour des musiciens rock.

Prix et récompenses

2012
“The forty rules of love” nominé pour le prix “IMPAC Dublin Literary”
2011
“Soufi, mon amour”, Prix ALEF - Mention Spéciale Littérature Etrangère
2010 
Prix Marka, Turquie
Chevalier dans l'Ordre des Arts et Lettres, France
Ambassadeur de la campagne CAE (Culture Action Europe)
Envoyé spécial du programme EU-Turkey Cultural Bridges
2009
Prix “Art of coexistence”, reçu de la fondation des journalistes et écrivains turcs, Turquie
International Rising Talent, Women's Forum, Deauville, France
2008
The Bastard of Istanbul” nominé pour le prix “Orange Prize for Fiction”, London
Son roman “Bonbon Palace” est un bestseller en Turquie
2006
Prix de “Maria Grazia Cutuli“ - International Journalism Prize, Italie
2005
The Flea Palace” nominé pour le prix “Independent Foreign Fiction”, Royaume Uni
2000
The Gaze”, Prix du meilleur roman reçu de l’Union des écrivains turcs, Turquie
1998
Pinhan”, Prix Mevlana récompensant les œuvres littéraires mystiques, Turquie
























Bibliographie
Shafak a publié 11 livres dont 8 sont des romans.

En français
  • La Bâtarde d'Istanbul, Paris, trad.(en) Aline Azoulay, préf. Amin Maalouf, Éditions Phébus, 2007, 319 p.
  • Bonbon Palace, Paris, trad.(tr) Valérie Gay-Aksoy, Éditions Phébus, 2008, 464 p.
  • Lait noir, Paris, trad.(tr) Valérie Gay-Aksoy, Éditions Phébus, 2009, 352 p.
  • Soufi mon amour, Paris, trad.(en) Dominique Letellier, Éditions Phébus, 2010, 416 p.

En anglais
  • The Saint of Incipient Insanities, 368pp, 2004, Farrar, Straus et Giroux,
  • The Flea Palace (translation of Bit Palas), 260pp, 2005, Marion Boyars, (avec Müge Göcek)
  • The Gaze (translation of Mahrem), 252pp, 2006, Marion Boyars,
  • The Bastard of Istanbul, 368pp, 2006, Viking Adult,
  • The forty rules of love, 355pp, 2010, Penguin Viking.

Sources


Rachida KHTIRA

Software engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.