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Friday, October 27, 2017

Le monde de Sophie – Karl Marx

Marx

Le Mouvement Naturaliste (Marx, Darwin et Freud)

Le mouvement naturaliste a commencé depuis le milieu du xixe siècle pour se poursuivre jusqu'à une bonne partie du xxe siècle. En effet, le terme « Naturalisme » signifie une conception de la nature qui ne reconnaît que la nature et le monde sensible comme réalité. Ainsi, un naturaliste fond ses recherches exclusivement sur des faits naturels et non sur des considérations d'ordre rationnel ou religieux. Les mots clés du milieu du xixe siècle en philosophie et en science étaient « nature »  « milieu », « histoire », « évolution » et « développement ». Dans ce sens, on peut annoncer que Marx, Darwin et Freud étaient des naturalistes. Pour Marx, l'idéologie des hommes était le produit des conditions matérielles de la société. Pour Darwin, l'homme était le fruit d'une longue évolution biologique. Quant à  Freud, les actions des hommes sont souvent le fait de pulsions ou d'instincts.

Karl Marx
« Les philosophes se bornent à interpréter le monde alors qu'il s'agit de le transformer »

Hegel a marqué la fin des grands systèmes philosophiques. Après lui, la philosophie s'est orientée dans ce qu’on appelle une « philosophie de l'existence » ou une « philosophie de l'action ». Il est vrai que Marx était marqué par la pensée de Hegel, mais il avait pris distance avec l’idéalisme de ce dernier. Marx n'était pas seulement philosophe mais aussi historien, sociologue et économiste. Sa pensée avait une visée pratique et politique ce qui a amené de grands bouleversements.

En 1848, Marx publia avec son ami et collègue Friedrich Engels le célèbre Manifeste du parti communiste qui commença par la phrase suivante : « Un spectre hante l'Europe - le spectre du communisme. ». A la fin du manuscrit étaient écrites les phrases suivantes : 
« Les communistes dédaignent de dissimuler leurs conceptions et leurs desseins. Ils expliquent ouvertement que leurs objectifs ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout ordre social passé. Que les classes dominantes tremblent devant une révolution communiste. Les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! ».

Lénine, Staline, Mao et beaucoup d'autres ont apporté leur contribution au marxisme ou « marxisme-léninisme ». Ainsi, après Marx, le mouvement s'est scindé en deux :
- La social-démocratie : elle tend à instaurer lentement et en douceur une société de type socialiste. Il s'est surtout répandu en Europe de l'Ouest
- Le marxisme-léninisme : il a conservé la foi de Marx selon laquelle seule la révolution peut combattre la vieille société de classes. Il a eu beaucoup de succès en Europe de l'Est, en Asie et en Afrique.
Selon plusieurs penseurs, Marx a contribué à améliorer la situation humaine et combattre la misère et l'oppression dans plusieurs pays avec ses nouvelles idées révolutionnaires. Cependant, beaucoup d’économistes contemporains relèvent que Marx s'est trompé sur plusieurs points assez importants telle que l'analyse des crises du régime capitaliste, sans perdre de vue les conséquences monstrueuses de l’application de ses idées par les communistes de l’Union soviétique qui a créé une nouvelle forme d’oppression.

Pensée
Détails – Extraits du livre
Marx était le philosophe du « matérialisme historique » : Marx souligne que les forces économiques au sein de la société introduisent toutes sortes de changements et font progresser l'histoire.
Les changements des conditions matérielles de vie sont le véritable moteur de l'histoire.
- Les conditions matérielles déterminent de nouvelles conditions spirituelles
- Il n'était pas un « philosophe matérialiste » dans le sens des philosophes atomistes de l'Antiquité, ou encore du matérialisme mécanique des xvIe et xvIIe siècles.
- Hegel avait expliqué que le développement historique provenait de la tension entre des éléments contradictoires qui disparaissaient sous le coup d'un brusque changement. Hegel nommait cette force motrice de l'histoire l'Esprit du monde ou la Raison universelle.
- Marx est d'accord avec cette pensée mais, selon lui, Hegel mettait tout la tête en bas. Ce ne sont pas les conditions spirituelles qui sont à l'origine des changements dans les conditions matérielles de l'existence, mais le contraire : les conditions matérielles déterminent de nouvelles conditions spirituelles.
Marx appelle les conditions matérielles, économiques et sociales, par « infrastructure ».
Le mode de pensée d'une société, ses institutions politiques, ses lois, sans oublier sa religion, son art, sa morale, sa philosophie et sa science, Marx les appelle « la superstructure ».
Selon Marx, la superstructure n'est que le reflet de l'infrastructure.
Marx prend en considération la relation dialectique entre l'infrastructure et la superstructure : « le matérialisme dialectique ».
Marx était conscient que la superstructure d'une société pouvait influencer l'infrastructure, mais il ne reconnaissait pas à la superstructure d'histoire indépendante.
Tout le développement de l'histoire, de la société esclavagiste de l'Antiquité jusqu'à nos sociétés industrielles, est dû avant tout à des modifications de l'infrastructure de la société.
Marx définit trois couches de l'infrastructure de la société :
- Les ressources naturelles : Tout ce qui concerne le climat ou les matières premières.
- Les moyens de production : les outils, les appareils et les machines dont disposent les hommes au sein de la société.
- Qui possède ces moyens de production. L'organisation du travail, c'est-à-dire la répartition du travail et le statut des propriétaires, c'est ce que Marx a appelé les rapports de production.
Selon Marx, la première couche à savoir les ressources naturelles permettent de jeter les fondations de la société et de délimiter quel type de production cette société pourra avoir. Du même coup on définit clairement quel genre de société et de culture on aura.
Selon Marx, le mode de production au sein d'une société détermine l'aspect politique et idéologique de la société.
Marx dit que c'est la classe dirigeante qui, en gros, détermine ce qui est bien et ce qui est mal. Car toute l'histoire n'est qu'une histoire de luttes de classes. L'histoire ne fait que retracer la lutte pour s'emparer des moyens de production.
Toutes les phases historiques se caractérisent, selon Marx, par une opposition entre deux classes sociales.
Dans la société esclavagiste de l'Antiquité, on trouve cette opposition entre les esclaves et les citoyens libres ; dans la société féodale, entre le seigneur et le paysan et, par la suite, entre le noble et le bourgeois. Mais à l'époque de Marx, la société était dite bourgeoise, ou capitaliste, et l'opposition se jouait entre le capitaliste et le travailleur ou prolétaire. D'un côté il y a ceux qui possèdent les moyens de production, de l'autre ceux qui ne les possèdent pas.
Et parce que la classe dirigeante ne veut pas laisser échapper son pouvoir, seule une révolution peut l'obliger à le faire.
Pour Hegel comme pour Marx, le travail est intimement lié au fait d'être un homme. C’est une chose positive.
Cependant, Marx critique le mode de production capitaliste :
Le travailleur produit une marchandise qui aura un certain prix de vente.
- Après avoir soustrait le prix de vente, le salaire du travailleur et les autres coûts de production, il restera toujours ce que Marx appelle la plus-value ou le profit.
- Ainsi, le capitaliste détourne à son profit une valeur que le travailleur seul a créée. C'est ça, l'exploitation.
Le capitaliste peut alors investir une partie de son profit dans un nouveau capital. Mais ce sera à seule fin de pouvoir baisser les coûts de production et d'augmenter encore, de ce fait, son profit.
Dans le système capitaliste, l'ouvrier travaille pour quelqu'un d'autre. Son travail lui devient quelque chose d'extérieur, quelque chose qui ne lui appartient plus. Il devient étranger à son propre travail et de ce fait étranger aussi à lui- même. Il perd sa réalité en tant que personne. Marx utilise l'expression hégélienne pour dire que le travailleur est l'objet d'un processus d'aliénation.
Bref, ce qui devait permettre à l'homme de s'élever faisait de lui un animal.
Marx pensait que le capitalisme est un système économique qui s'auto-détruit parce qu'il n'est pas guidé par la raison. Vu sous cet angle, le capitalisme est un élément de progrès, c'est-à-dire une étape nécessaire sur la voie du communisme.
Le capitaliste fait un certain profit et en utilise une partie pour moderniser l'entreprise. Il achète de nouvelles machines et réduit ainsi son personnel. Il fait tout ça pour être plus concurrentiel sur le marché. Mais il n'est pas le seul à penser ainsi. Tous les maillons de la chaîne de production doivent être de plus en plus rentables. Les usines s'agrandissent et finissent par appartenir à une poignée d'hommes.
On a de moins en moins besoin d'ouvriers. Le chômage s'installe et les problèmes sociaux deviennent de plus en plus importants. De telles crises sont le signal que le capitalisme court à sa perte.
Mais on pourrait citer d'autres traits autodestructeurs dans le régime capitaliste. Que se passe-t-il quand tout le profit doit être lié au système de production sans créer malgré cela assez de plus-value pour rester concurrentiel? Le capitaliste va baisser les salaires,  les travailleurs deviendront si pauvres qu'ils n'auront plus les moyens d'acheter quoi que ce soit. le pouvoir d'achat baisse. Et c'est un cercle vicieux.
Marx a annoncé la fin de la propriété privée de type capitaliste. Il se considère dans une situation pré-révolutionnaire.
Pendant une période, une nouvelle classe sociale, à savoir les prolétaires au pouvoir, dominera la classe bourgeoise. C'est ce que Marx a appelé la dictature du prolétariat. Mais après une période de transition, la dictature du prolétariat sera à son tour balayée par une « société sans classe » : le communisme. Ce sera l'avènement d'une société où les moyens de production appartiennent à « tous », c'est-à-dire au peuple lui-même. Dans une telle société, chacun aurait « sa place selon ses capacités » et recevrait « selon ses besoins ». Le travail en outre appartiendrait au peuple lui-même et il n'y aurait plus d'aliénation.

A suivre…


Rachida KHTIRA

Software Engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.

Saturday, January 30, 2016

Cent ans de solitude - Résumé




Résumé

Dans ce roman, Gabriel García Màrquez raconte l’histoire de la famille Buendia destinée à vivre cent ans dans un village de Macondo réalisant ainsi la prophétie d’un gitan appelé Melquiades. Après sa fondation par le premier couple Buendia, le village imaginaire, ainsi que sept générations de la famille vont traverser plusieurs événements jusqu’à sa disparition définitive après un siècle. Ce roman paru en 1967 est du genre appelé le réalisme magique. Le succès de cet œuvre est dû essentiellement à l’ambiance extraordinaire qui règne sur toute l’histoire: les tapis volants, les gitans, la lévitation... Ces évènements propres à l’Histoire colombienne rappellent une période historique difficile caractérisée par des conflits politiques sanglants.


Un réalisme magique

Dans Cent ans de solitude, le réel se mélange avec l’imaginaire d’une manière fluide et familière. Dans un village ordinaire, et sans aucune mention de lieu ou de temps, une histoire qui repose sur des évènements réels est narrée à la façon d’un conte magique avec des personnages eux même constitués de ce mélange de réalité et de fiction.

 « Un filet de sang passa sous la porte, traversa la salle commune, sortit dans la rue, prit le plus court chemin parmi les différents trottoirs, descendit des escaliers et remonta des parapets, longea la rue aux Turcs, prit un tournant à droite, puis un autre à gauche, tourna à angle droit devant la maison des Buendia, passa sous la porte close, traversa le salon en rasant les murs pour ne pas tacher les tapis, poursuivit sa route par l'autre salle, décrivit une large courbe pour éviter la table de la salle à manger, entra sous la véranda aux bégonias et passa sans être vu sous la chaise d'Amaranta qui donnait une leçon d'arithmétique à Aureliano José, s'introduisit dans la réserve à grains et déboucha dans la cuisine où Ursula s'apprêtait à casser trois douzaines d'œufs pour le pain. »

« le plus à craindre, dans cette maladie de l'insomnie, ce n'était pas l'impossibilité de trouver le sommeil, car le corps ne ressentait aucune fatigue, mais son évolution inexorable jusqu'à cette manifestation plus critique : la perte de mémoire. Elle voulait dire par là qu'au fur et à mesure que le malade s'habituait à son état de veille, commençaient à s'effacer de son esprit les souvenirs d'enfance, puis le nom et la notion de chaque chose, et pour finir l'identité des gens, et même la conscience de sa propre existence, jusqu'à sombrer dans une espèce d'idiotie sans passé. »

« L'atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d'une pièce à l'autre. »


L’Histoire se répète, l’Homme reste le même

Malgré la succession de sept générations de la famille Buendia, leurs histoires semblent être les mêmes. On se retrouve avec les mêmes prénoms qui reviennent de génération en génération : José, Arcadio, Aureliano pour les garçons et Urula, Amaranta, Remedios pour les filles. A travers cette répétition des noms, des mariages, des naissances, des décès et des conflits durant cent ans, l’auteur ne fait que symboliser le cours cyclique de l’Histoire. En effet, le roman aboutit à une réalité historique fatale: Les progrès réalisés par les différentes générations, leurs défis et leurs conflits, ne sont qu’un déguisement de l’âme humaine, restant inchangeable, sous des nouvelles croyances, des nouvelles manifestations et des nouveaux évènements.


Solitude, Passion, Amour et Violence

Le mot solitude prime sur tout le roman en partant du titre lui-même qui le résume clairement. Dans l’histoire, la solitude est présentée sous plusieurs formes, à travers l’isolement du village, la séparation du couple fondateur de Macondo, l’aîné des Buendia restant seul toute sa vie jusqu’au moment où il se suicide avec une balle à la tête, les femmes qui finissent abandonnées dans leur vieillesse…

Quant à l’amour, pour les Buendia, il s’agit plutôt d’une passion charnelle ou d’une malédiction. La plupart des histoires d’amour dans la famille finissent mal et il n’y a plus de place pour l’amour du cœur. C’est un univers sombre et froid où les sentiments n’ont aucune utilité et où il est prioritaire de garantir la continuité de la progéniture via les nouvelles naissances au sein de la famille.

La violence aussi occupe une grande place dans le roman, c’est une violence qui rappelle la guerre civile en Colombie entre partis conservateurs et partis libéraux, le massacre des ouvriers de la compagnie bananière en grève pour mauvais traitements…C’est une violence qui témoigne de l’aveuglement des conflits politiques sanglants et de l’inhumanité du progrès technique.


Évaluation

Bien que le roman soit traduit de l’espagnol au français, le style garde toujours son charme et sa force. La densité des événements et la fine ligne qui sépare le réel et le surréel  témoignent d’un riche esprit et d’une fertile imagination chez l’écrivain. Ce n’est pas un roman à résumer c’est plutôt un roman à lire, à analyser et à discuter.

Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce genre littéraire que je trouve séduisant et influant. Je le note 4/5.



Rachida KHTIRA

Software Engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.



Wednesday, December 30, 2015

Et si c’était vrai - Extraits



Auteur : Marc Levy


Surmonter l’impossible




Rien n'est impossible, seules les limites de nos esprits définissent certaines choses comme inconcevables. Il faut souvent résoudre plusieurs équations pour admettre un nouveau raisonnement. C'est une question de temps et des limites de nos cerveaux. Greffer un cœur, faire voler un avion de trois cent cinquante tonnes, marcher sur la Lune a dû demander beaucoup de travail, mais surtout de l'imagination. Alors quand nos savants si savants déclarent impossible de greffer un cerveau, de voyager à la vitesse de la lumière, de cloner un être humain, je me dis que finalement ils n'ont rien appris de leurs propres limites, celles d'envisager que tout est possible et que c'est une question de temps, le temps de comprendre comment c'est possible.


Profiter du temps




Chaque matin, au réveil, nous sommes crédités de 86400 secondes de vie pour la journée, et lorsque nous nous endormons le soir il n'y a pas de report à nouveau, ce qui n'a pas été vécu dans la journée est perdu, hier vient de passer… Alors qu'en faisons-nous de nos 86400 secondes quotidiennes.

Tu veux comprendre ce qu'est une année de vie: pose la question à un étudiant qui vient de rater son examen de fin d'année. Un mois de vie: parles-en à une mère qui vient de mettre au monde un enfant prématuré et qui attend qu'il sorte de sa couveuse pour serrer son bébé dans ses bras, sain et sauf. Une semaine: interroge un homme qui travaille dans une usine ou dans une mine pour nourrir sa famille. Un jour: demande à deux amoureux transis qui attendent de se retrouver. Une heure: questionne un claustrophobe, coincé dans un ascenseur en panne. Une seconde: regarde l'expression d'un homme qui vient d'échapper à un accident de voiture, et un millième de seconde: demande à l'athlète qui vient de gagner la médaille d'argent aux jeux Olympiques, et non la médaille d'or pour laquelle il s'était entraîné toute sa vie.


Savoir vivre




Chacun a son monde, le tout est de planter ses racines dans la terre qui nous convient.

On ne peut pas tout vivre, alors l’important est de vivre l’essentiel et chacun de nous a “son essentiel”.

La vie se goûte à l'appétit de tous les jours.

C'est pendant qu'on calcule, qu'on analyse les pour et les contre, que la vie passe, et qu'il ne se passe rien.

Il faut croire que la plus grande inconscience de l’homme, c’est celle de sa propre vie.

Une partie de l’art de vivre dépend de notre capacité à combattre notre impuissance.


Apprendre à aimer




Il faut être soi-même pour pouvoir aimer.

Le risque d’aimer, c’est d’aimer autant les défauts que les qualités, ils sont indissociables.

Celui qui ne sait pas partager est infirme de ses émotions.

Une des qualités fondamentales pour vivre à deux c’est la générosité.

C'est lorsque l'on donne du peu que l'on a, que l'on donne vraiment.

Les émotions sont faites pour être partagées.


Chercher le bonheur




Personne n’est propriétaire du bonheur, on a parfois la chance d’avoir un bail, et d’en être locataire. Il faut être très régulier sur le paiement de ses loyers, on se fait exproprier très vite.

Il faut identifier le bonheur lorsqu'il est à ses pieds, avoir le courage et la détermination de se baisser pour le prendre dans ses bras… et le garder.




Tous les rêves ont un prix.

Le doute et le choix qui l’accompagne sont les deux forces qui font vibrer les cordes de nos émotions.

"Sinon…", c'est souvent un mot de trop.

Il est un temps où il faut s'avouer ses propres vérités et identifier ce que l'on attend de la vie.

Le pire mensonge est de se mentir à soi-même. 

Demain est un mystère, pour tout le monde, et ce mystère doit provoquer le rire et l’envie, pas la peur ou le refus.

Les parents sont des montagnes que l’on passe sa vie à essayer d’escalader, en ignorant qu’un jour c’est nous qui tiendront leur rôle.

Les adultes ont peur parce qu’ils ne savent pas faire la part des choses.


Rachida KHTIRA

Software Engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.




Monday, August 31, 2015

Lire un roman : Entre coeur et raison




Je me considère comme une lectrice passionnée de romans. Depuis 2012, j’ai lu 134 livres parmi lesquels 56 romans c'est-à-dire 40% de mes lectures sont des romans.  Il est vrai que je lis tous les types de livres qui tombent dans mes mains, ou recommandés par mes amis, ou conseillés par les penseurs et écrivains auxquels je m’intéresse afin de répondre à une question,  ou comprendre un problème,  ou apprendre une technique … Cependant, et pour être honnête, pour moi rien ne peut égaler les moments de plaisir que je passe en me plongeant dans la lecture d’un bon roman quelque soit son type. Certains de mes amis me disent que c’est une perte de temps. Pour eux, dans les romans on ne trouve ni vérité, ni objectivité. De plus, on passe des heures voire des jours à les lire alors que le temps est précieux. Consacrer des heures et des heures juste pour le plaisir ne semble pas une affaire raisonnable. 

Or, la lecture des romans est-elle vraiment une perte de temps? Cherche-t-on seulement le plaisir en lisant un roman?

J’avoue que ce n’est pas facile pour moi de répondre objectivement à ces questions. Évaluer l’utilité ou mesurer l’influence d’une activité humaine devrait être scientifique et  méthodique. Cependant, en écrivant ces lignes, je compte simplement exprimer mon avis personnel, partager une partie de mon expérience. Il ne s’agit pas d’une vérité. C’est plutôt un récit personnel pour présenter un jugement subjectif.

Lire un roman : C’est rêver les yeux bien ouverts…

« Ici-bas, on ne peut jamais vivre son rêve, la vie est si petite et le rêve si grand. »
Antoine de Saint-Exupéry auteur de "Le Petit Prince"



La lecture est une passion que je garde depuis ma plus tendre enfance. Les premiers livres que j’ai lus sont les contes d’enfants de l’égyptien «Mohamed Attia Abrachi» édition  « Almaktaba Alhadita li Al Atfal ». Ces contes ont attisé mon appétit pour la lecture dans un âge précoce. A l’époque, je lisais plus que je mangeais. La magie qui se dégage de ces contes m’avait appris à rêver, à imaginer et à penser. Dès lors, je devenais très attachée à ce type de livres. Grâce à ces lectures précoces, mon esprit a appris à s’évader, à s’envoler en toute liberté vers des horizons lointains, conquérir des mondes imaginaires, fréquenter des personnages mythiques,  tout en m’allongeant sur le lit ou en m’asseyant tranquillement sur une chaise.

Je continue à exercer ce rituel fantastique, jusqu’aujourd’hui afin de me libérer des chaines d’une réalité absorbante avec ses détails quotidiens ennuyeux, et me procurer ainsi une liberté d’esprit qui ne s’avère possible que dans les réalités fictives des romans.

Rêver : En quoi est-ce utile, peut-on se demander ? En fait, le rêve nous permet de dépasser nos limites imposées en poussant le cerveau à fonctionner avec ses capacités absolues pour exploiter ainsi la zone de la créativité cachée par le voile de la réalité banale et routinière.

Rêver est un exercice fantastique qui rajeunit l’esprit et développe les capacités du cerveau. On peut aller plus loin encore en affirmant  que  les rêves ont un impact important sur notre propre existence.

Rêver c’est déjà changer sa réalité présente puisqu’il défie nos limites et crée un monde différent du nôtre. Rêver est ainsi le premier pas vers le changement.

Lire un roman : C’est converser, critiquer, développer ses compétences linguistiques …

« Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style. »
Victor Hugo



Un roman est bien plus que le récit d'une histoire. Il contient des idées plus profondes et l'histoire n'est bien souvent que la mise en scène de la pensée de l'auteur. Dès lors, lire un roman est un exercice de pensée. Il s’agit de converser avec des auteurs du passé et du présent, analyser leur interprétation des événements historiques, explorer les profils psychologiques et idéologiques des personnages et leur appréhension de la réalité … Cet exercice permet au lecteur dans certains romans de découvrir les idéologies cachées derrière les lignes, connaître les motivations de l’auteur via le texte et recueillir des informations relevant de plusieurs domaines. La lecture des romans s’avère aussi un outil efficace pour développer l’esprit critique du lecteur via l’analyse des idées et des événements, des situations et des réactions des personnages, des sorts infligés et des fins imposées …Un roman ne parle pas seulement à notre cœur mais aussi à notre intelligence.

De plus, il y a l'aspect linguistique et stylistique. En lisant les romans, on développe ses compétences linguistiques écrites et orales sans même s’en apercevoir. Loin de faire l’éloge de soi, je tiens  simplement à donner un exemple de mon vécu. En ce sens, je prétends avoir récolté le fruit de cette passion très tôt au cours de mon parcours scolaire. En effet, durant les deux années des classes préparatoires, nous avions un programme en français qui consiste à lire trois romans durant l’année et qui concernent un thème bien précis. Les examens étaient sous forme de dissertations sur un sujet relavant de ce thème et en se basant sur les romans du programme. Non seulement, j’ai trouvé l’exercice facile mais très amusant. Vu que le programme de ces deux ans était trop chargé, l’ambiance était infernale. Les seuls moments de défoulement de la semaine étaient durant les séances du français,  lorsqu’on discutait les œuvres programmés à savoir Frankshtein de Marry Shelly, Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, W ou souvenir d’enfance de Georges Perec et d’autres encore. Mes deux professeurs du français étaient à la fois ravis et surpris du zèle que j’affiche et de l’importance que je donne à leur matière contrairement à mes collègues mathématiciens.

Lire un roman : C'est voyager avec son esprit à travers un esprit

« Certes, un rêve de beignet, c’est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c’est déjà un voyage. » 
Marek Halter



Je me souviens bien de la deuxième fois que j’ai visité Barcelone, j’avais à peine terminé l’œuvre  magique de Zafon appelé « L’ombre du vent ». Ce roman était comme un voyage dans la Barcelone de l'après-guerre civile. Cette visite avait un goût différent de la première fois. En descendant la Rambla et en montant les hauteurs de Mont Juic, j’avais l’impression que je vais croiser Daniel Sempere en compagnie de son père sortant de la bibliothèque des livres oubliés. Je me promenais dans les environs de la place Catalounia en ayant l’esprit hanté par des images inspirées du roman. C’est un peu de la folie. Mais enfin de compte, c’est quoi au juste l’écriture ? Sinon un état de folie d’un esprit, qui construit des mondes inexistants et des vies imaginaires, et celui qui passe des heures à conquérir ces mondes n’est qu’un voyageur errant d’une page à une autre suivant l’auteur dans sa propre folie, en  s’échappant avec les personnages, voyageant dans le temps et visitant des endroits impénétrables. Lire un roman, c’est voyager dans un esprit d’un autre humain et s’approprier ses points de vue, ses émotions et ses valeurs.

Il est à noter aussi que dans certains romans, les descriptions des lieux sont très précises. L’auteur vous emmène à une promenade dans les rues des villes que vous n’avez jamais visitées. Il vous fait découvrir des détails concernant des places et monuments qui vous échapperaient même si vous étiez sur place. Dans ce sens, certains romans contemporains comme ceux de Dan Brown, Guillaume Musso ou Marc Levy, sont des œuvres qui vous mettent sur des tapis magiques et vous font découvrir plusieurs lieux. Parfois, ils vous font entrer par des portes auxquelles vous ne pouvez jamais accéder dans la réalité. Sans oublier bien sûr de noter que ces romans regorgent de plusieurs informations historiques sur ces lieux, leurs traditions et leur patrimoine culturel et artistique.

Lire un roman : Une vie de plus

« Je lis parce qu’une seule vie ne me suffit pas »
ABBAS Mahmoud AL AKKAD



Un roman est d’abord un travail d’imagination et sa lecture l’est aussi. Cependant, derrière le volet fictif du roman se cache une réalité voire plusieurs. De ce fait, la lecture des romans, nous permet de procurer de plusieurs vies et d’expérimenter différentes situations que nous ne pouvons pas vivre dans la réalité. Elle nous plonge dans les profondeurs de notre condition humaine et nous confronte à la complexité de nos émotions et nos sentiments via l’incarnation de plusieurs rôles différents du nôtre. En ce sens, le lecteur se trouve dans plusieurs peaux, d’un policier, un criminel, un père, une mère, un roi, un clochard …

Ce que je trouve fabuleux, c’est de pouvoir vivre des vies dans le passé ou le futur lointain et dans des pays et civilisations éloignés. En lisant l’Odyssée d’Homère, Médée de Sénèque, le Marchand de Venise de Shakespeare, les Misérables de Hugo ou autres, on a le pressentiment qu’on un a effectué un voyage dans le temps, et vécu le quotidien des personnages éloignés dans l’histoire et géographie. Certes, je ne prétends pas qu’un roman remplace un livre d’histoire ou de sociologie ou autre. Cependant, un roman donne une dimension émotionnelle à nos lectures sérieuses sur l’histoire, la philosophie, la sociologie ou autres qui interpellent souvent notre raison et rarement nos sentiments et émotions. Cette nouvelle dimension est à mon avis indispensable pour pouvoir juger habilement les idéologies et les mutations historiques et sociologiques. On ne peut pas négliger le rôle des sentiments et les émotions et leur influence sur le cours de l’histoire humaine. Les guerres par exemple ne sont que la mise en scène de la peur et l’avidité de l’homme. Comme titre d’exemple, plusieurs romans parlent des guerres mieux que n’importe quel livre d’histoire. Via un roman, on se voit impliqué voire rangé par tous les images et les horreurs qu’il relate. En ce sens je ne peux m’empêcher de penser au roman fabuleux de Ghassan Kanafani, les hommes dans le soleil, et me rappeler de la colère et l’amertume que je ressentais à la fin de l’histoire ainsi que les nombreuses projections que j’ai faites des évènements sur la réalité présente, malgré que le roman parle d’une période éloignée de l'occupation de Palestine. J’étais avec les personnages dans le camion, je sentais leur soif, je partageais leur angoisse et j’avais tout comme eux un espoir d’une fin plus heureuse que celle imposée par l’auteur par honnêteté ou par réalisme, lui qui a subi le même sort que ses personnages inventés, car lui aussi il a été tué par les Sionistes à cause de ces vies qu’il a osées inventer dans ses romans.

Lire un roman : Une confrontation de soi

« Un livre est un miroir où nous trouvons seulement ce que nous portons déjà en nous, que lire est engager son esprit et son âme, des biens qui se font de plus en plus rares. »
Carlos Ruiz Zafon dans "L’ombre du vent"



En lisant les romans, on cherche à mieux se connaître. Le roman enrichit l’appréhension de la réalité via la fiction. Chaque roman qu’on lit reflète un côté de l’être humain et la vie en général, et intuitivement le lecteur le projette souvent sur sa réalité voire sa personne. Lire un roman est souvent plus profond que de se regarder dans un miroir. Les personnages des romans sont souvent des personnes ordinaires mais dans des situations exceptionnelles. Ce sont des personnes  qui  nous ressemblent avec tous nos fragilités, nos valeurs, nos hontes,  nos déceptions et nos espoirs. Ce qui nous donne l’impression que les évènements de l’histoire se passent en nous. L’auteur est le créateur du roman mais chacun des lecteurs l’enrichit avec  une partie de lui-même.

Le roman fait appel parfois à la réflexion sur les qualités et les défauts de l'homme, ou propose des modèles avec toutes les déformations et les perfections qu’ils présentent. Cela pousse le lecteur explicitement ou implicitement à se poser des questions sur sa situation à lui, quelle sera sa réaction dans une telle ou telle situation, quelle attitude adoptera-t-il pour s’en sortir de tel ou tel problème. A mon avis, cela nous aide à développer une certaine connaissance de soi et nous permet de mieux connaitre les différentes mentalités et caractères  humains.

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En conclusion, j’aimerais rappeler d’abord que dans le texte en cours, je voulais partager avec vous mon vécu loin des réalités objectives ou scientifiques. Je peux affirmer même que c’est un récit personnel sur une pratique personnelle, qui consiste à voler des heures de solitude pour les consacrer dans la lecture d’un bon roman avec toute la subjectivité que contient le mot bon et la pluralité même du mot roman.

D’abord, parce que juger un roman par bon ou mauvais est très relatif et dépendant du lecteur, de son profil, de ses attentes, de ses croyances et de ses goûts. Ensuite, Le mot roman est pluriel en lui-même. Loin des définitions littéraires et des explications académiques, et pour être simple, il est clair que nous ne pouvons pas considérer les œuvres de Victor Hugo, Alexandre Dumas, Najib Mahfoud, Ghassan Kanafani, Amine Maalouf, Georgi Zidane, Agatha Christie, Dan Brown, Guillaume Musso, Paulo Coelho par exemple comme s’ils appartiennent tous à la même catégorie appelé tout simplement roman. Il est vrai que le mot roman est employé pour désigner un genre d’écriture qui cherche à passer des messages via la mise en scène des idées et croyances sous forme de vies et de mondes imaginaires tandis que les autres livres prétendent adopter des méthodes objectives dans l’argumentation des idées et l’analyse des évènements. Cependant, ils existent plusieurs types de roman à savoir autobiographie, thriller, policier, romance, mystique… A mon avis, il y a une seule chose commune à tous les types de romans : Ils ont tous une partie de la fiction. Même les romans biographiques contiennent de la fiction puisqu’ils relatent eux aussi des expériences personnelles lointaines. Et déjà le fait d’écrire est une manière de représenter une réalité ayant plusieurs dimensions selon une vision plate de l’auteur.

Enfin, je rappelle qu’il faut fournir un effort de recherche sur l’auteur et la critique du roman avant de le lire pour ne pas regretter d’avoir investi tant de ressources précieuses dans une mauvaise affaire. Bien que parfois il est utile de lire des mauvais livres pour apprendre à apprécier la créativité et apprendre à différencier entre l’originalité et le copiage, l’excellence et la médiocrité.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Vous amusez-vous en lisant les romans ? Trouvez-vous une justification raisonnable du temps, de l’argent et de l’effort que vous consacrez à la lecture  d’un roman ?

A vous!


Rachida KHTIRA

Software Engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.